2010-10-24

Liberté de la presse en France


Il y a les principes... et leur application. La liberté de la presse continue à diminuer en France, classée seulement 44e mondiale par RSF en 2010. A l'époque où cette affiche, placardée par The Economist à la Gare du Nord, pour accueillir les passagers de l'Eurostar, fit scandale, nous étions encore relativement "bons" élèves, à la 31e place.

Le manque de liberté de la presse, ce sont des choses très concrètes aujourd'hui : rue89, dont on ne partage pas toujours la ligne éditoriale, a montré comment la police empêche parfois éhontément les journalistes de faire leur travail. Taper sur un journaliste, c'est inacceptable, mais taper sur Capucine Granier-Deferre, c'est vraiment très idiot.

Le manque de liberté de la presse, ce seront des choses beaucoup plus insidieuses demain, comme l'affaire des fadettes commence à le montrer. Pister les journalistes et surtout, bientôt, "labelliser" internet, pour mieux le filtrer. La neutralité du réseau est une notion essentielle, à défendre. Il existera, heureusement, encore des havres de liberté comme l'Islande, qui a compris comment un journalisme insuffisamment libre permet aux conflits d'intérêts de prospérer. Le manque de liberté de la presse participe de la dégradation de la qualité du débat public en France, comparée à la Grande-Bretagne. Il faut soutenir résolument la Quadrature du Net en France, et l'EFF à l'étranger.

Un problème vient sans nul doute des relations incestueuses entretenues par le pouvoir politique et les media, et dont chacun, politicien et journaliste, est aussi responsable que l'autre. Il n'y a qu'à lire les propos des frères Duhamel cette semaine dans Le Monde. Cela est facile à traiter : il faut supprimer, immédiatement, le budget de 420 millions d'euros baptisé "aides à la presse" du ministère de la culture (qu'on pourrait supprimer aussi, comme le préconise un ancien titulaire du portefeuille, mais c'est une autre affaire). Les aides à la presse sont le deuxième budget du ministère, après les 663 M€ consacrés au "spectacle vivant" (Philippe Muray aurait aimé l'intitulé), et loin devant les 375 M€ consacrés à la restauration et entretien des monuments historiques. Ceci explique peut-être cela.

Un espoir ténu : les réseaux de blogs régionaux, comme ici en Lorraine, qui permettent de briser les monopoles locaux que la PQR s'est constitués au cours du vingtième siècle ; et les réseaux de blogueurs politiques, dont notamment LHC (également sur Twitter), réseau libéral-conservateur, second réseau après celui de la gauche.

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