2004-09-19

Pourquoi l'Europe doit dire non à la Turquie

Le 6 octobre 2004, la Commission européenne doit donner sa recommandation sur l'ouverture (ou non) de négociations d'adhésion avec la Turquie. La décision doit être prise en décembre par le Conseil européen.

Le processus est déjà engagé, bien que les Européens n'aient jamais donné leur assentiment. On sait au contraire que la majorité des citoyens européens y est hostile.

Si quelques arguments plaident en faveur de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, la très grande majorité des arguments plaide au contraire contre l'adhésion de la bien nommée Asie mineure, dont la place est à côté de l'Europe, mais pas en Europe.

En premier lieu, la géographie : la quasi-totalité du territoire turc se trouve en Asie. La Turquie possède quelques arpents de terre en Europe, mais cela ne la rend guère plus européenne que la possession de Ceuta et Melilla ne rend l'Espagne africaine. D'autres Etats ont leur place en Europe bien avant la Turquie : les Etats de l'ex-Yougoslavie (bientôt enclavés dans l'Union), l'Ukraine... La Turquie appartient à un autre pôle régional.
Géographiquement, la Turquie serait une énorme excroissance du territoire européen, aux frontières immenses et particulièrement difficiles à défendre, avec des voisins aussi difficiles que l'Adjarie sécessioniste, l'Iraq en guerre civile, la république islamique d'Iran ou la Syrie... La porte ouverte à l'immigration et aux trafics.
Faut-il rappeler enfin que la Turquie maintient des soldats sur le territoire de l'Union européenne en violation du droit international, dans la partie septentrionale de Chypre ?

Histoire :
Istanbul fut certes, sous le nom de Constantinople, la deuxième Rome. Mais Constantinople est tombée, sous les coups des turcs, et l'empire byzantin n'est plus.
La révolte des Grecs contre la domination turque, puis le départ de la minorité grecque du Turquie montre que les populations de culture européenne et de culture ottomane sont aussi peu miscibles que l'eau et l'huile.
La Turquie est aussi responsable du génocide arménien, dont elle ne s'est jamais officiellement repentie. Nombre de survivants arméniens ont trouvé refuge en Europe. Une demande publique de pardon à l'Arménie pour le génocide de la minorité arménienne devrait être une preuve de bonne volonté préalable à toute ouverture de négociations.
Enfin, ceux qui parlent de l'empire ottoman comme l'un des acteurs du jeu diplomatique européen depuis des siècles oublient un peu vite que la Turquie fut certes un allié d'un François Ier, roi de France, machiavélien, ou d'une Allemagne en mal d'expansion alors que les empires coloniaux français et anglais s'étendaient, mais que cette même Turquie fut surtout un adversaire, qui s'enfonça au coeur de l'Europe en prenant la Hongrie et en assiégeant Vienne.

Les Etats-Unis d'Amérique, en s'ingérant dans les affaires de l'UE, encouragent l'adhésion de leur allié turc, membre de l'OTAN, mais la meilleure réponse est celle-ci : la Turquie sera un Etat-membre de l'UE quand le Mexique sera un Etat des Etats-Unis !

Les avocats du oui sont des utopistes, ou des adversaires du projet européen résolus à le torpiller.

La réponse ultime est simple : soumettons la question difficile de l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Turquie, qui touche à l'essence même de l'Europe, au vote des citoyens.

Lien : Non à la Turquie en Europe

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